
Le mois sacré de Rajab touche bientôt à sa fin, et déjà nous nous préparons à accueillir, dans les jours suivants, le mois de Cha’ban. Face à cette succession inéluctable des jours et des mois, le Prophète, que les bénédictions et le salut d’Allah soient sur lui, nous enseigne la relation à avoir avec le temps en général, et avec le mois de Cha’ban en particulier :
Oussama ibn Zayd (qu’Allah l’agrée) a dit : « J’ai demandé : Ô Messager d’Allah, je ne t’ai jamais vu jeûner autant dans un mois que dans le mois de Cha’ban. » Il répondit : « C’est un mois auquel les gens ne prêtent pas attention, situé entre Rajab et Ramadan, et c’est un mois durant lequel les œuvres sont élevées au Seigneur des mondes. Et j’aime que mes œuvres soient élevées alors que je jeûne. » [An-Nassaï et Ahmad].
« C’est un mois auquel les gens ne prêtent pas attention, situé entre Rajab et Ramadan. »
Cette parole est une invitation prophétique à la vigilance, à l’attention vis-à-vis de ce mois de Cha’ban en particulier, et une mise en garde contre l’insouciance et la perte d’un temps si précieux et vital pour le musulman. Car chaque jour nouveau est témoin de nos actes. Et Allah nous rappelle : « Ce sont vos œuvres que Je compte pour vous, puis Je vous en donnerai la rétribution. Celui qui trouve du bien, qu’il loue Allah. Quant à celui qui trouve autre chose, qu’il ne blâme que lui-même. » [hadith qodsi, authentique Mouslim].
« C’est un mois durant lequel les œuvres sont élevées au Seigneur des mondes. »
Voici la particularité de Cha’ban : à l’occasion de ce mois, nos œuvres sont élevées et présentées annuellement à Allah, et Il est plus savant. C’est un moment grave, un moment solennel, le compte-rendu d’une année de notre vie avec ce qu’elle renferme de meilleur… ou de pire. Est-ce que ces actes seront pour nous source de fierté et de réjouissance ou de gêne et de regrets? Quel est notre ressenti à la lecture de cette longue liste d’actions ? Avons-nous renforcé notre engagement envers Allah ou ce lien s’est-il défait progressivement ? Le moins que nous puissions dire, c’est que ce moment requiert de notre part la plus grande attention, et il ne fait que préfigurer le jour où le serviteur se dressera seul devant son Seigneur, sans interprète, avec comme seul compagnon ses actes.
« J’aime que mes œuvres soient élevées alors que je jeûne. »
Durant cette exposition annuelle de nos œuvres, quelle meilleure situation que l’état de jeûne ? Il montre admirablement l’humilité du serviteur et sa sincérité dans l’adoration et la soumission. Peut-être Allah aura-t-Il pitié de cet humble serviteur, effacera-t-Il ses fautes et augmentera-t-Il la récompense de ses adorations imparfaites. Le jeûne est un noble acte de dévotion, avec une rétribution exceptionnelle : Allah dit : « Toute action du fils d’Adam lui appartient, sauf le jeûne. Il M’appartient et c’est Moi qui le récompense. » [hadith qodsi, authentique Boukhari et Mouslim].
Il n’est donc pas étonnant que Aïcha (qu’Allah l’agrée) nous informe au sujet du Messager d’Allah, que les bénédictions et le salut d’Allah soient sur lui : « Je ne l’ai jamais vu jeûner un mois entier, sauf Ramadan, et je ne l’ai jamais vu jeûner autant qu’il le faisait durant Cha’ban. » [Authentique Boukhari et Mouslim].
Il est également important de noter que le jeûne de Cha‘ban prépare le croyant, tant physiquement que spirituellement, pour le mois de Ramadan, à l’image d’une prière surérogatoire qui précède une prière obligatoire. Cette préparation est essentielle pour débuter le mois béni de Ramadan avec énergie et dévotion, et pour en tirer le plus grand bienfait.
De même, la lecture du Coran occupe une place centrale pour le croyant durant ce mois. À ce sujet, Anas ibn Malik (qu’Allah l’agrée) décrit l’état des musulmans durant le mois de Cha‘ban en disant : « Lorsque Cha‘ban débutait, les musulmans se consacraient aux mushafs et les lisaient. » Salama ibn Kuhayl (qu’Allah lui fasse miséricorde) ajoutait : « On disait que Cha‘ban est le mois des lecteurs. »
Nous implorons Allah de nous faciliter les adorations durant le mois de Cha‘ban et au-delà, de pardonner nos fautes et de nous rapprocher de Sa miséricorde. Nous implorons également Sa clémence pour nos parents, nos enfants, ainsi que pour nos frères et sœurs dans le monde, en particulier pour ceux de Gaza après le cessez-le-feu. Qu’Allah panse leurs plaies visibles et invisibles.
Le prophète Muhammad ﷺ a dit :
«Allah a dit : Dépense ô fils de Adam et Je dépenserai pour toi»
Rapporté par Boukhari et Mouslim